Gonflée, la chambre à air
TENDANCE | Résistant et souple à la fois, ce caoutchouc se mue en sac, en ceinture, en bijou et en d’autres objets originaux. A porter pour le look ou pour afficher ses convictions vertes.
Souple comme un cuir bien tanné, résistante et imperméable comme une toile cirée, la chambre à air séduit de plus en plus les créateurs d’accessoires de mode à vocation écolo. «Les vieilles chambres à air finissent brûlées, déplore Steve Henseler, l’un des fondateurs de la marque biennoise Tube. En les utilisant pour fabriquer nos accessoires, nous contribuons à diminuer cette pollution. L’aspect écologique est important pour nous.»
Bâches de camion et toiles usagées ne sont donc plus les seuls matériaux de récup’ à se muer en objets tendance. «Après avoir fabriqué des porte-monnaie en vieille brique de lait pour financer les projets de Humanisma (ndlr: association neuchateloise à buts médico-pédagogiques), je cherchais à faire d’autres objets à partir d’un matériau 100% recyclé», explique la Lausannoise Dorianne Cuénoud, créatrice de la marque HUM.1. L’an dernier, la jeune femme se lance dans la réalisation de sacs en chambre à air.
Aujourd’hui, elle fabrique aussi des porte-monnaie et des ceintures. Les profits servent toujours à financer Humanisma. «Il existe neuf modèles de sac et chacun porte un nom synonyme de ghetto ou de bidonville, explique la créatrice. Ce sont des lieux où l’on réutilise énormément de choses.»
A l’instar des favelas d’Amérique du Sud. Pas étonnant que la marque colombienne Cyclus soit une des pionnières en matière de fabrication de sacs en chambre à air. Créée en 2002, elle importe ses besaces en Europe depuis 2005. «Le but de Cyclus est de faire des sacs fonctionnels, design, en utilisant un déchet industriel commun. La chambre à air est un matériau solide, résistant aux fortes variations de température et imperméable, explique Simon Van Benenden, de Cyclus France. Nos sacs sont fabriqués à Bogotá et 22 salariés y travaillent à plein-temps.»
Vocation sociale
La volonté de la plupart des créateurs d’objets en chambre à air est à la fois écologique et sociale. Dorianne Cuénoud souhaite s’associer avec la Fondation Eben-Hézer pour déléguer une partie de la production aux handicapés de ses ateliers, Tube travaille avec l’Association des établissements d’intégration pour handicapés de Granges et Cyclus est un commerce équitable. Une façon intelligente de séduire clients privés et magasins. «Les sacs Cyclus, particulièrement ceux à bandoulière, plaisent beaucoup à ma clientèle, se réjouit Gonzalo Amaya, propriétaire du magasin lausannois Arthenia Shop. «La texture sensuelle de la chambre à air a du succès, explique Fabrice Calame, propriétaire de la boutique genevoise .eco. Les gens qui font du vélo apprécient aussi sa résistance à l’eau!»
Seul bémol au pays de l’accessoire branché et écolo: l’odeur de vieux caoutchouc qui s’en dégage. «Elle dépend de l’usure de la chambre à air. Plus elle est vieille, moins elle sent», précise Fabrice Calame. Reste à humer vos futurs achats et choisir celui qui embaume le moins. (Yseult Théraulaz)
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